Jean Perrier et Fils : Sept générations au service des vins de Savoie

Depuis 1853, la maison Jean Perrier et Fils perpétue un savoir-faire viticole unique dans les vignobles savoyards. Rencontre avec Gilles Perrier, président de cette entreprise familiale emblématique. Il nous partage sa vision d’une viticulture ancrée dans son terroir et confrontée aux enjeux contemporains, avec le soutien de partenaires fidèles, comme la Banque de Savoie.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours personnel et les moments clés qui ont façonné l’histoire de votre domaine viticole ?

Gilles Perrier : Notre entreprise familiale se transmet de père en fils depuis sept générations. Je représente la sixième, et la septième est déjà en marche. La société a été créée par mon grand-père Jean, après la Seconde Guerre mondiale. Il a eu l’idée novatrice en 1947 d’embouteiller sa récolte, devenant ainsi le premier en Savoie à le faire, alors qu’à l’époque les livraisons se faisaient encore en barriques, avec des charrettes tractées par des chevaux.

Mon père Gilbert a ensuite rejoint l’entreprise en 1964. Puis ce fût l’obtention de l’appellation Savoie en 1973. Le véritable tournant pour nos vins remonte aux Jeux Olympiques de 1992, qui ont mis un réel coup de projecteur sur la Savoie, ses équipements et ses productions. Aujourd’hui, je suis le président de Jean Perrier et Fils depuis 2023, après 30 ans dans l’entreprise, et nous cultivons 52 hectares pour produire quatorze cuvées différentes avec 8 cépages.

Comment définiriez-vous l’identité et la signature particulière des vins que vous produisez ?

G.P. : Ce qui distingue les vins de Savoie dans le paysage viticole français, ce sont nos cépages locaux et autochtones. Pour les vins blancs, on trouve principalement la Jacquère, qui représente la moitié de notre vignoble, ainsi que l’Altesse, un très vieux cépage unique à la Savoie qui vient de Chypre. Pour les rouges, nous cultivons la Mondeuse, également un cépage autochtone.

Ces particularités donnent des vins très frais, très secs et peu alcoolisés, correspondant parfaitement aux attentes actuelles des consommateurs. Cette originalité et cette fraîcheur intéressent de plus en plus les marchés étrangers. Nous réalisons environ 15% de notre chiffre d’affaires à l’export, principalement au Canada, aux États-Unis et au Japon, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et en Angleterre.

Notre principale activité reste toutefois la restauration et l’hôtellerie de montagne, représentant 60% de notre chiffre d’affaires. Nous approvisionnons directement nos clients dans les stations de ski, contribuant ainsi à valoriser l’expérience gastronomique alpine et les produits du terroir savoyard.

Quelle est la nature de votre partenariat avec la Banque de Savoie et comment a-t-il évolué au fil du temps ?

G.P. : La Banque de Savoie était la première banque de mes grands-parents à Chambéry. Mes premiers souvenirs remontent à mon enfance, quand j’accompagnais ma grand-mère déposer ses chèques et ses espèces au guichet. Nous étions l’un des premiers clients de la banque à Chambéry.

J’ai souhaité revenir vers la Banque de Savoie il y a trois ou quatre ans. Il me tenait à cœur de retravailler avec cette banque régionale, une vraie banque des territoires où les gens nous connaissent et où nous connaissons les gens.

Aujourd’hui, j’ai de nombreux projets pour la société, notamment le déplacement de notre chaîne de production en zone artisanale. Il m’était alors indispensable d’avoir un acteur comme la Banque de Savoie à mes côtés.

Comment le dérèglement climatique affecte-t-il concrètement vos vignobles et quelles perspectives envisagez-vous ?

G.P. : C’est difficile de s’adapter, nous subissons les évolutions du climat. Notre principal risque aujourd’hui, c’est la grêle, qui devient de plus en plus violente. Face au réchauffement climatique, nos cépages risquent de ne plus être adaptés dans les années à venir. Nos vins deviennent trop riches en alcool et perdent les caractéristiques pour lesquelles ils sont connus et appréciés.

Des recherches sont menées pour trouver des cépages plus résistants à la sécheresse, mais changer un vignoble ne se fait pas en claquant des doigts. Ce sont des décisions lourdes d’investissement : il faut arracher les vignes existantes et attendre trois à quatre ans avant toute nouvelle récolte.

Quelle vision portez-vous pour l’avenir de votre domaine et plus largement pour les vins de Savoie ?

G.P. : L’avenir est davantage dans la valorisation du produit que dans l’augmentation de la production.

La passion pour notre terroir et la préservation de son patrimoine viticole sont au cœur de notre démarche. À travers nos vins, nous racontons l’histoire de la Savoie, ses traditions et son caractère unique. C’est cette authenticité qui fait notre force et qui attire de plus en plus d’amateurs, en France comme à l’étranger.

En tant qu’entreprise savoyarde profondément ancrée dans son territoire, nous sommes heureux de pouvoir compter sur des partenaires locaux comme la Banque de Savoie qui partagent nos valeurs et notre vision. Cette collaboration naissante, ou plutôt renaissante, s’annonce prometteuse pour accompagner nos projets de développement, tout en préservant ce qui fait l’âme des vins de Savoie.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

Crédit photo : @Sirblondin.com