L’imprévoyance, un enjeu sociétal

S’il apparaît naturel et ancré dans les habitudes de s’assurer pour prévenir les risques de sinistre sur une maison ou une voiture, ça l’est paradoxalement moins lorsqu’il s’agit d’anticiper certaines situations difficiles, voire tragiques, comme le décès, l’incapacité de travail, l’invalidité, le handicap d’un enfant, la dépendance et l’aidance.

En matière de prévoyance, les Français se montrent parfois… imprévoyants. L’enquête 2020 de l’Observatoire de l’imprévoyance(1) révèle que 73 % des Français se sentent mal protégés et 40 % sont dans le déni face à l’éventuelle survenance de tels risques. Une imprévoyance dont François-Xavier Albouy, directeur de recherche de la chaire « Transitions démographiques, transitions économiques », a estimé le coût à 12 milliards d’euros par an, dont plus de 2 milliards pour le décès et pour la dépendance. Soit le montant des prestations de prévoyance non servies aux ménages pour faire face aux risques précités en raison de la faiblesse ou de l’absence de couverture de protection sociale complémentaire.

Des conséquences financières et sociales

Ce montant montre l’urgence d’agir. D’autant que l’État-providence ne pourvoit pas non plus à cette imprévoyance. À l’image de l’obligation faite aux employeurs de souscrire une complémentaire santé pour leurs salariés, il serait opportun de mettre en place un accord national interprofessionnel qui généraliserait la couverture des salariés en prévoyance. Car au-delà de son coût, l’imprévoyance n’est pas sans conséquences financières et sociales. Un décès peut, par exemple, entraîner une baisse des revenus et un manque de ressources avec pour effet une perte pour le conjoint survivant, pour l’éducation des enfants et donc une perte de croissance pour l’économie.
Par ailleurs, les bénéficiaires d’une prévoyance le sont souvent (mais pas toujours) par le biais de leur employeur. Ils n’en sont donc pas propriétaires, ce dont ils n’ont pas conscience et dont ils ne se soucient qu’à partir du moment où, une fois l’entreprise quittée, il leur arrive un accident de la vie. Enfin, cela pose aussi la question de la portabilité qui doit permettre aux salariés de conserver leur couverture prévoyance après leur départ de l’entreprise.

Combler l’imprévoyance

Face à ce constat, et au regard du rôle insuffisant de l’État en la matière, il est primordial pour chacun de s’emparer de ce sujet de société. À ce titre, votre conseiller en gestion de patrimoine a un double rôle. Le premier est celui de « lanceur d’alerte » auprès, notamment, des clients peu ou pas équipés comme les salariés des TPE, les travailleurs non salariés ou les auto-entrepreneurs afin d’anticiper les enjeux de l’imprévoyance. Le second vise à faire évoluer les mentalités. Il n’est jamais facile d’évoquer la prévoyance, qui reste encore tabou. Il s’agit donc d’expliquer en quoi il est essentiel de mettre en œuvre le plus tôt possible des solutions de prévoyance individualisées en y allouant, par exemple et à l’instar de la retraite, une partie de votre épargne. Un audit sera au préalable réalisé afin que votre conseiller vous propose des solutions en cohérence avec vos besoins.

Jean-Baptiste Lacour
Responsable de projets Gestion privée chez BPCE

(1) Observatoire de l’imprévoyance Groupe VYV – Ipsos – décembre 2020

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